A l’attention de :
- Madame Hidalgo, maire de Paris, présidente de la Commission de surveillance, ou son représentant,
- Monsieur Revel, Directeur général de l’APHP,
- Monsieur Robin, Directeur général de l’ARS d’Ile de France,
- Monsieur Salomon, président de la CME de l’APHP,
- Aux Elus parisiens,
- Aux représentants des usagers,
- Aux membres de la Commission de surveillance.
Nous contestons avec fermeté l’utilité publique du projet « nouvel HTD APHP /NOVAXIA » qui va à l’encontre de l’intérêt général et sert ostensiblement des intérêts privés.
En 2023, le vote du Conseil de Paris avait modifié le PLU en spécifiant que la parcelle où se situe l’hôpital Hôtel Dieu resterait une « zone urbaine de grands services urbains (UGSU) », 100% consacrée à l’accueil d’équipements publics et prenant en compte l’environnement urbain et écologique.
Aujourd’hui, cette « mise en compatibilité du PLU de Paris » est en fait demandée par l’APHP/NOVAXIA pour aboutir à son projet « AGORA » de commerces, bureaux et habitations privés.
Cela impliquerait de reclasser plus de la moitié des superficies de l’Hôtel-Dieu de la zone de grands services urbains (UGSU) vers la zone urbaine générale (UG).
Ce qui autoriserait à :
- Réduire des surfaces destinées à « des équipements d’intérêt collectif et services publics », … pour augmenter la surface de locaux destinés à commerce et activités de service, … dans des proportions supérieures à ce que permet le PLU.
- A classer artificiellement un secteur du projet en « zone déficitaire en logement social ».
- A procéder à des exceptions aux dispositions générales des articles UG.4.1.1. ; UG.4.1.3 ; UG.7.2.2. ; UG 7.2.3. (Diminution des espaces libres de construction, de la densité de plantation, des aires de livraison, des stationnements des vélos, …).
Vous revenez donc sur une décision d’intérêt public, votée démocratiquement par le Conseil Municipal de Paris et tentez de « mettre en compatibilité » le PLU décidé en 2023, avec des projets servant les intérêts de partenariats privés.
De plus, lorsque vous évoquez le « pôle d’innovation en santé » avec des « incubateurs » et start-up, il ne s’agit pas de machines de laboratoire en lien avec l’hôpital, mais bien de locaux (10 000 m2 de surfaces) qui seront dédiés à des bureaux, où des prospecteurs mettent en contact des investisseurs (clients) avec des fournisseurs d’équipements ou matériel médical. On est bien loin d’un Service public hospitalier !!!
Nous contestons la légitimité de NOVAXIA à exercer des activités lucratives sur un lieu qui a toujours été dédié à l’Hôpital Public.
Pour rappel, Monsieur Martin HIRSCH, prédécesseur de l’actuel Directeur général de l’APHP, s’était engagé à financer un projet « Nouvel Hôtel-Dieu » avec la vente de l’hôtel particulier Scipion du 5ème arrondissement, propriété de l’APHP. Par la suite, il s’est engagé un appel à projet pour désigner l’architecte et le maitre d’ouvrage. Se trouvait, dans le jury d’attribution, Jean Louis MISSIKA, adjoint à la maire de Paris (chargé de l’architecture, des projets du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité). Le projet a été attribué à la société NOVAXIA dont Jean Louis MISSIKA a rejoint l’entreprise d’immobilier, à l’issue de son mandat d’adjoint à l’urbanisme à la mairie de Paris. C’est la raison pour laquelle il a été condamné par le Tribunal correctionnel pour conflit d’intérêts. D’autre part, sur cette affaire, le président de NOVAXIA a également fait l’objet de poursuites devant le Tribunal correctionnel.
Nous sommes donc en droit de nous poser la question sur la légitimité de l’attribution du projet à cette société.
Nous avons bien compris que c’est au PLU de s’adapter au projet NOVAXIA / APHP et non l’inverse. Quel est donc l’intérêt général de ce projet NOVAXIA de modifier ces superficies hospitalières en superficies commerciales ? Aucun. Si ce n’est de nourrir des intérêts privés immobiliers spéculatifs, des sociétés privées, des commerces et restaurants, tout en affaiblissant un peu plus l’hôpital public et les possibilités d’accès aux soins pour tous.
- Cependant, depuis le début des projets successifs de démantèlement de l’Hôtel–Dieu, les organisations syndicales avec les personnels, les usagers, les Élu.es, les populations des quartiers environnants et même de ceux au-delà du périphérique, se sont mobilisés pour maintenir l’offre de soins publique à l’Hôtel-Dieu et garantir sa pérennité en tant qu’hôpital de proximité, au Centre de Paris au service des populations d’Ile de France et face à l’augmentation exponentielle du nombre de touristes chaque année au cœur de la Capitale.
Au moment où seulement cinq Centres de santé municipaux (3ème arrondissement, 5ème, 13ème, 14ème et 18ème restent à Paris, que d’autres établissements sont menacés de fermeture (19ème, 20ème, Institut de Montsouris et les centres de la Croix Rouge …) et que l’ensemble du Secteur 1 est en situation de carence, il semble indispensable de développer à l’Hôtel-Dieu une médecine polyvalente (médecine interne, médecine gériatrique …) en lien avec des Soins palliatifs et de renforcer l’accueil et la prise en charge des personnes vulnérables et des victimes (UMJ et Unité de prise en charge des victimes / psycho – traumatisme).
Nous soulignons aussi l’importance de développer les secteurs de Psychiatrie, de même que les Urgences et SMUR HTD qui assurent toujours et massivement encore aujourd’hui les soins en lien avec les autres Urgences du GHU de Paris-Centre avec la création de lits d’hospitalisation d’aval qui manquent à l’APHP (moins 15 000 lits) depuis 20 ans.
Nous revendiquons la pérennité de l’Hôpital Public Hôtel Dieu pour poursuivre ses missions de soins, d’enseignement public et de recherche. L’hôpital public Hôtel Dieu est resté depuis sa création et doit rester entièrement dédié à sa mission hospitalière, d’enseignement et de recherche.
Pour rappel :
- L’Hôtel-Dieu, fort de son expérience et de ses savoir-faire, a montré sa capacité à répondre aux besoins de santé dans les crises sanitaires (dernièrement le COVID) et autres évènements critiques (attentats du 7 janvier et du 13 novembre 2015 ; incendie de Notre-Dame le 15 Avril 2019 …),
- 350 000 habitants résident à proximité de l’Ile-de-la-Cité, de nombreux travailleurs et voyageurs de RER–Métro–Bus sont employés au cœur de Paris et des millions de touristes fréquentent la Cité, notamment depuis la réouverture de Notre-Dame. Aujourd’hui, les chiffres officiels montrent que 30 à 35 000 touristes par jour fréquentent ce quartier, ce qui représente environ 1 million de personnes par mois. Sur l’année c’est entre 12 à 13 millions de personnes, ce qui équivaut à la population de l’Ile de France. Alors que, le capacitaire du SAU HTD ne peut accueillir que 25 000 patient-es à l’année, ce qui démontre l’utilité et la nécessité de renforcer le capacitaire de cet hôpital.
Il s’agit bien de prendre en compte de manière préventive et curative l’ensemble des besoins de santé susceptibles d’être pris en charge à l’Hôtel Dieu.
N’oublions pas non plus qu’autour de l’Hôtel-Dieu, les commerces et les restaurants existent et tiennent une place importante dans l’aménagement du territoire. En effet, ils sont installés depuis des décennies, et s’adressent à un public touristique et populaire.
La question se pose, est-ce que le cœur de Paris a besoin d’introduire des commerces de luxe plutôt que des commerces populaires et des hôpitaux ?
Nous ne le croyons pas, parce que nous sommes attaché.es à notre histoire institutionnelle, parce que l’APHP n’est pas à vendre ! Parce que le territoire a besoin de maintenir son hôpital et les commerces existants.
Nous avons proposé un projet alternatif de soins depuis 2014 et organisé une votation citoyenne où 10 532 Parisiens ont signé des pétitions en se prononçant pour le maintien de l’Hôtel-Dieu, Hôpital de Proximité au centre de Paris.
Pour toutes ces raisons, il serait IRRESPONSABLE de réduire les capacités hospitalières de cet établissement.
La question essentielle est posée, il s’agit de prendre en compte le risque de perte de chance pour la patientèle, le risque de ne pas répondre aux besoins de soins de proximité.
Pour justifier la fermeture de l’Hôtel Dieu, vous avez organisé depuis 2014 la réduction des capacités d’accueil du SAU.
D’autres part, les 280 millions d’euros évoqués pour les travaux de remise aux normes sont à comparer aux millions d’euros injectés chaque année dans d’autres projets tel que celui prévu pour le projet « Grand Paris Nord ».
Est-ce à croire que l’argent public serait au service des intérêts privés ?
Pour la CGT, toutes ces décisions successives sont inacceptables !
L’Hôtel Dieu est un hôpital central, au cœur de Paris, dont l’accès par sa proximité et ses disciplines, est utile et nécessaire pour toutes et tous. Il répond à un besoin stratégique en matière de santé, de sécurité sanitaire, de proximité et de réponse immédiate en cas d’évènements majeurs. Supprimer ce Site ou toute une partie revient à fragiliser notre système hospitalier, déjà en tension.
Des moyens existent pour le maintien de l’hôpital Hôtel Dieu. Et il suffirait que les choix politiques actés dans le dernier PLU de Paris (2023/2024) soient respectés.
La CGT refuse cette logique de rentabilité et la remise en question de ce PLU voté démocratiquement en Conseil de Paris entre 2023 et 2024.
Nous exigeons le maintien de l’Hôtel Dieu comme Hôpital public de proximité, et le renforcement des soins pour tous, avec un SAU, des lits d’hospitalisation d’aval, une médecine polyvalente en lien avec la médecine de ville, un service de psychiatrie en lien avec l’unité médico-judiciaire et des structures d’accueil des victimes, et un plateau technique performant (scanner, IRM), …
Nous ne le dirons jamais assez : l’Hôtel Dieu n’a pas vocation à devenir « un immeuble composé de bureaux et de commerces ». C’est un service public de santé appartenant à une belle Institution l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, porteuse d’histoires, de valeurs humanitaires et de service public.