Monsieur le Président de l’instance,
Depuis cinq mois, les travailleurs de tout le pays font entendre le refus du recul de l’âge de départ en retraite à 64 ans. Lors de chacune des 13 journées nationales de grève interprofessionnelle, des millions de manifestants ont défilé partout en France, des grandes villes aux villages les plus reculés. Le monde du travail est unanime pour refuser ce nouveau recul social. Toutes les organisations syndicales nationales sont unies jusqu’à aujourd’hui pour exiger le retrait de la Loi Borne.
Malgré cette opposition très largement majoritaire du pays, le pouvoir Macronien s’est enfermé dans la violence, la répression et l’obstination à passer coûte que coûte sa politique antipopulaire au mépris du pays tout entier. Les travailleurs ont été bafoués. Nous ne tournons pas la page. Le mouvement social, d’une ampleur historique, n’est pas terminé.
Les hospitaliers sont les premières victimes de ce recul social.
En 15 ans, les fonctionnaires hospitaliers ont vu leur durée de cotisation augmenter de 5 ans et demi de 37,5 à 43 annuités, l’âge de la retraite reculer de 55 à 57 puis à 59 ans pour les catégories actives et de 60 à 62 puis 64 ans pour les catégories dites sédentaires. En réalité avec l’application de la décote et l’allongement de la durée de cotisation, ceux qui partent en retraite à 57 ans aujourd’hui ont droit à une retraite de misère.
Ces contre réformes successives pour casser le système de retraites (Balladur – Fillon – Woerth – Borne) ont plus lourdement pénalisé les femmes, avec la décote, avec l’allongement de la durée de cotisation, avec la suppression de droits familiaux pour les femmes fonctionnaires. La différence des niveaux de retraites entre femmes et hommes atteint aujourd’hui des sommets, 40% selon la Cour des comptes.
Il y a 76% de femmes à l’AP-HP.
Et l’on va aujourd’hui parler au CSEC d’un plan d’égalité femmes/hommes ! Et l’on va parler de l’articulation entre la vie professionnelle et la vie personnelle, alors que vous développez sciemment des schémas horaires incompatibles avec la vie de famille, incompatibles avec la santé. Alors qu’il y a de moins en moins de place en crèche, que les tarifs y ont doublé, que les centres de loisirs ont été fermés les uns après les autres, que les heures de grossesse ou les quarts d’heures crèches sont bafouées dans l’institution !
Malgré la communication bien-pensante, les femmes agents de l’AP-HP sont l’objet d’une maltraitance institutionnelle de tous les instants par l’intensification continue de la charge de travail, la dégradation des relations au travail, la dégradation des cycles de repos.
Les départs d’agents (38% à 3 ans d’après les chiffres que vous avez donnés à SANTEXPO la semaine dernière), causés par les faibles rémunérations et la dégradation du statut d’agent de l’AP-HP, sont pour vous le prétexte à continuer et à accentuer dans la même voie : 12 heures, schémas horaires à la carte, etc. Décidément, on ne change pas une méthode qui perd ! Ainsi les fermetures de lits ne sont plus le fruit de vos décisions politiques mais se font malgré vous, faute de recrutements… La boucle est bouclée.
Quand les agents réclament la hausse des salaires, vous répondez primes.
Prime pour ci, prime pour là. Des primes qui divisent. Primes pour les soignants, pas pour les administratifs ou les ouvriers. Primes pour les Infirmières, pas pour les Aide soignantes. Primes d’attractivité territoriale que personne ne touche. Prime grand âge, heures supplémentaires majorées, primes de tutorat, primes de réa, primes d’encadrement, etc.
Et à chaque fois il faut vérifier les fiches de paie devenues illisibles, se battre pour obtenir le rappel des primes ou des éléments « oubliés » de la paie. Cette politique de primes saupoudrées à l’AP-HP a pour résultat d’individualiser le salaire et de diviser les agents, au détriment du traitement indiciaire. Ces primes, qui constituent 20 à 30% de la rémunération, pénalisent aussi les agents au moment de leur départ en retraite. Mais aujourd’hui les Préparateurs en Pharmacie dans toute l’AP-HP ouvrent la voie des luttes pour la hausse massive des salaires dans toutes les catégories. Nous les y encourageons !
Il faut augmenter les salaires de 400 euros minimum pour tous, et intégrer les primes dans le traitement de base.
Nous n’avons aujourd’hui pas plus de perspectives de discuter, de se concerter ou de négocier avec vous qu’il n’y a de possibilité de le faire avec le gouvernement. Nous apprenons vos décisions par la presse et vous rencontrez les instances représentatives du personnel ensuite.
Notre priorité, d’ici le 6 Juin, est d’organiser la mobilisation et la lutte avec nos collègues pour l’augmentation des salaires, pour le retrait de la contre-réforme Macron/Borne.
Pour toutes les raisons que nous avons évoquées, dans la continuité des décisions prises par la Confédération CGT et la Fédération CGT Santé et Action Sociale, les élus USAP CGT ne siégeront pas ce jour au Comité Social d’Etablissement Central.