Billet d’humeur de la semaine – Lundi 18 Novembre 2024
A la question posée à un responsable d’un syndicat de psychiatre « Où ce gouvernement mène-t-il la psychiatrie ? », il a répondu « Beaucoup de soignant.es répondent : dans le mur ». Il était interrogé à la suite de la promesse du premier Ministre de déclarer la santé mentale grande cause 2025 et de sa déclinaison par la ministre de la Santé qui venait d’annoncer une maigre enveloppe de 100 millions.
L’ensemble des responsables du secteur, des directeurs, en passant par les médecins et les personnels, ainsi qu’un grand nombre d’élus qui président les conseils de surveillance des établissements de santé mentale considèrent qu’il faudrait au moins dix fois plus simplement pour l’élargissement du nouveau dispositif de consultation de psychologues (Mon soutien psy), l’ouverture prévue de maisons des adolescents et le dispositif d’écoute pour la prévention du suicide (VigilanS).
L’abandon de milliers de patients par le système de soins
Dans le même temps, alors que le gouvernement veut promouvoir la prise en charge ambulatoire, de nombreux établissements n’ont plus les moyens de maintenir leurs hôpitaux de jour qui assurent une offre de soins permettant le maintien dans la vie sociale et la réhabilitation.
La conséquence est l’abandon de milliers de patients reclus chez eux, décompensant une psychose ou en dépression, qui ne peuvent plus être accueillis faute de consultations ou impossibles à hospitaliser faute de places. Sans compter tous ceux qui finissent dans la rue, complètement abandonnés.
Une des causes des difficultés actuelles est la fuite du personnel face à une dégradation continue des conditions de travail. L’appel des responsables hospitaliers est clair, ils demandent des mesures pour faire revenir les psychiatres et les infirmiers dans les services de soins de la psychiatrie publique. En effet, depuis un certain temps se développent des structures privées à des tarifs exorbitants, accessibles uniquement au plus fortunés.
L’avenir de la jeunesse
Plus grave encore car il s’agit de l’avenir de la jeunesse, ils revendiquent un plan d’urgence pour la pédopsychiatrie avec la possibilité d’accueillir les enfants et leurs familles en collaboration avec le secteur médicosocial et la protection de l’enfance, ainsi qu’un travail en réseau avec les partenaires sociaux, de l’éducation nationale et de la justice.
Il ne faudrait pas retourner 70 ans en arrière quand la revue Esprit titrait « La grande misère de la psychiatrie ». Tout ce qui a été fait à partir des années 60 pour en finir avec l’asile, c’est-à-dire un lieu d’enfermement et d’exclusion de la société, risque aujourd’hui de s’effondrer avec des patients abandonnés par le système de soins, dont un grand nombre sont complètement désocialisés ou en prison. Il est urgent que le gouvernement entende le cri d’alarme unanime de tous les acteurs du secteur qui portent des propositions et des solutions. Il ne leur a offert qu’une pauvre charité, signe d’un mépris intolérable pour les plus faibles d’entre nous, ce qui est le signe d’une société gravement malade.
Dr Christophe Prudhomme