Billet d'humeur de la semaine - Lundi 28 Aout 2023
Dans mon service, le SAMU 93
Pour illustrer cette misère, je vais vous décrire la situation dans mon service, le SAMU 93. Depuis des mois, nous manquons de tenues pour nous habiller et de plus en plus de collègues ne remettent plus leurs effets dans le circuit de lingerie mais les conservent pour les nettoyer eux-mêmes à leur domicile. Ainsi, ils n’ont ainsi plus l’angoisse de se retrouver en difficulté lors de leur prise de poste et de perdre un temps précieux pour essayer de trouver une tenue de travail correcte.
En salle de régulation du SAMU-Centre 15
En salle de régulation du SAMU-Centre 15, les assistants de régulation médicale et les médecins qui passent de nombreuses heures en position assise devant leur téléphone sont obligés de subir l’inconfort de fauteuils usés, voire cassés. Quant aux chambres de garde, il s’agit d’une honte en termes d’hygiène au sein d’un hôpital : ménage pas ou mal effectué, rideaux de douche déchirés, chasse d’eau des toilettes détraquées, etc. Les premiers responsables identifiés par les personnels sont les cadres de proximité qui doivent encaisser leurs récriminations sans avoir les moyens d’y répondre car ils se trouvent de fait entre le marteau et l’enclume face à une direction d’hôpital qui leur demande en permanence de faire des économies sur l’ensemble des dépenses.
Une situation intolérable
Cette situation est d’autant plus intolérable qu’E. Macron et le gouvernement ne peuvent maintenant plus nier les difficultés de l’hôpital mais se défaussent en l’attribuant au manque de personnel et rejettent la faute en particulier, en ce qui concerne les médecins, sur les quotas de formation imposés par le numerus clausus depuis les années 1980. Cela leur permet de s’exonérer de leurs responsabilités plus récentes liées aux mesures d’austérité et d’économies imposées d’année en année par les Lois de financements de la Sécurité sociale. Elles imposent aux hôpitaux des réductions drastiques qui les poussent à rogner sur toutes les dépenses. La conséquence en est l’accumulation de difficultés au quotidien pour les personnels, déjà surchargés de travail du fait du manque d’effectifs, et obligés de travailler dans des conditions matérielles dégradées.
les démissions s’accélèrent
Il ne faut donc pas s’étonner si les démissions s’accélèrent du fait notamment d’un sentiment de mépris ressenti par les hospitaliers qui hier encore étaient chaleureusement remerciés pour leur engagement lors de la crise COVID. Si nous avons été obligés de bricoler par manque de moyens lors de cette période, notamment en utilisant des sacs poubelles comme tenues de protection, il n’est plus acceptable que cette situation perdure au quotidien aujourd’hui.
un nouveau plan d’économie dans le secteur de la santé
Ce qui est encore plus intolérable est qu’en plein été, alors que les hôpitaux n’arrivent pas à fonctionner normalement, le ministre des Finances annonce un nouveau plan d’économie dans le secteur de la santé, alors que les directeurs des hôpitaux réclament une hausse budgétaire minimale de 5 % pour pouvoir simplement continuer à fonctionner face notamment à la reprise de l’inflation. L’enjeu des semaines à venir est de se mobiliser pour refuser cette politique d’austérité pour les hôpitaux.
Dr Christophe Prudhomme