Billet d’humeur de la semaine – Lundi 1er Mai
Perversité : goût pour le mal, recherche du mal. Petite explication. Que ce soit E. Macron ou F. Braun, tous deux, se répandent en promesses d’amélioration d’accès à notre système de santé mais sur le terrain la politique dictée et mise en œuvre par les ARS détruit à petit feu nos hôpitaux et déroule un tapis rouge au secteur privé lucratif. Regardons tout d’abord la médecine de ville.
La fin du numerus clausus est un leurre et le nombre d’étudiants en médecine n’a pas augmenté à hauteur des besoins, faute de moyens suffisants accordés aux universités.
Malgré de multiples demandes, rien n’est fait pour réguler l’installation des médecins et les déserts médicaux augmentent. La « régulation » des dépassements d’honoraires aboutit en fait à leur généralisation chez les spécialistes.
Les pseudo-centres de santé obtiennent très facilement des autorisations d’installation sans contrôle et les scandales se multiplient. Après les centres dentaires qui ont « massacrés » des patients, ce sont maintenant les centres de consultation sans rendez-vous du COSEM qui montrent en fait que ces activités ne sont que des pompes à fric pour siphonner l’argent de la Sécu.
Du côté du médicosocial, le scandale d’ORPEA continue avec un sauvetage des actionnaires grâce à de l’argent public, via la Caisse des dépôts, et nous apprenons que cette opération de restructuration va faire appel aux fameux cabinets de consultants pour un montant de 87 millions d’euros.
Le plus grave est la stratégie très élaborée pour fermer massivement des hôpitaux afin de laisser la place aux grands groupes de cliniques privées à but lucratif.
- Le premier étage de la fusée est la loi santé d’A. Buzyn qui définit sous la fausse appellation d’hôpitaux de proximité des établissements qui n’auront plus de service d’urgence ouverts 24h sur 24, plus de maternité et plus d’activité en chirurgie. Bref, ce seront des structures limitées à la prise en charge des personnes âgées, sans plateau technique.
- Le deuxième étage est l’application brutale de la loi sur la limitation de l’intérim, sans mesure de compensation pour les hôpitaux, ce qui se traduit actuellement par la fermeture ou le fonctionnement dégradé de centaines de services, justement dans les hôpitaux promis au label « hôpital de proximité ».
- Le troisième étage est la facilitation des restructurations des cliniques privées en difficulté. Alors que la meilleure solution serait leur intégration dans le secteur public dans le cadre de pôles hospitaliers publics, elles reçoivent des subventions alors que les hôpitaux eux doivent emprunter auprès des banques quand ils réalisent des travaux.
Une opération est en particulier scandaleuse, celle de la clinique de Grenoble reprise par le groupe AVEC dont le dirigeant est accusé de détournements de fonds publics. Autre exemple, la clinique de Ganges dirigée par le président de la Fédération de l’hospitalisation privée qui va bénéficier d’une subvention de 13 millions d’euros de l’ARS pour reconstruire son établissement.
Encore plus scandaleux dans la période, alors que les services d’urgence des hôpitaux publics peinent à assurer l’accueil d’un nombre croissant de patients, les ARS autorisent la fermeture de cette activité dans des cliniques, comme à Montluçon ou à Alès. A Alès où dans le même temps la clinique construit un centre d’ophtalmologie, activité très lucrative !
Conclusion : ils veulent bien du mal à notre système public de santé.
Dr Christophe Prudhomme